Vue

Sélection d’informations sur le système, à partir d’un point de vue et dans une intention précise

Introduction de la notion

Tandis que la réalité, dans notre approche, s’ordonne d’elle-même en aspects clairement distincts, il n’en va pas de même dans la perception de l’observateur ou de l’acteur. Certains aspects sont difficiles à percevoir, car abstraits. D’autres aspects ont une position contre-intuitive, qui ne se comprend qu’à partir d’exigences architecturales. La perception spontanée mêle des éléments de natures différentes. Par exemple, une expression de besoins mélangera la logique de fonctionnement avec des exigences opérationnelles, elle embarquera des présupposés organisationnels, mais passera sous silence les motivations qui déterminent le fonctionnement. Cette expression est donc, à la fois, incomplète et mélangée. Il faut en séparer les éléments selon leur nature pour les inscrire dans un ordre exploitable. Pour autant, il ne s’agit pas d’évacuer l’expression des besoins : elle reste un moyen de communication essentiel. Il en va de même avec de nombreux documents et représentations que l’on ne peut pas inscrire directement dans la Topologie du Système Entreprise mais qui prélèvent des éléments d’un ou de plusieurs aspects, pour les présenter dans une situation de communication. Les vues répondent à ce besoin de communication.

Une vue suppose un acteur qui regarde. Elle donne accès à une partie de la réalité observée, à partir du point de vue de cet acteur. Elle exprime donc la subjectivité : la situation particulière du sujet face au réel. Son avantage réside dans la communication puisque, justement, elle s’établit par rapport aux besoins et au langage d’un certain type d’acteur. Le prix à payer est un certain désordre :

  • les vues se recoupent puisque plusieurs types d’acteurs ont à connaître les mêmes éléments ;
  • les vues sont incomplètes puisqu’elles se limitent aux besoins de connaissance et aux possibilités de compréhension d’un type d’acteur, parfois à un moment donné ;
  • les vues peuvent entretenir la confusion puisqu’elles mélangent des éléments de natures différentes, parfois dans une même phrase ou une même représentation.

Pratiquement, une vue se composera d’une sélection d’éléments prélevés dans un ou plusieurs modèles aspectuels. Par exemple : la « Vue de l’utilisation » et la « Vue de l’organisation » sont deux représentations de l’aspect pragmatique, l’une focalisée sur un enjeu local, l’autre embrassant la totalité de l’organisation. Une vue « maîtrise d’ouvrage » – une Business View – combinera des éléments tirés de l’aspect intentionnel, des aspects « métier » (sémantique, pragmatique, géographique), mais aussi de l’aspect logique (pour arbitrer les investissements) et de l’aspect logiciel (maquettes, notamment).

Le contenu, la forme et le vocabulaire d’une vue s’ajustent au profil des destinataires.

À partir d’une typologie d’acteurs (maîtrise d’ouvrage, organisateurs, stratèges, informaticiens, sous-traitants, etc.), nous définirons des vues, lesquelles pourront prélever des éléments d’un ou de plusieurs aspects.

Commentaire

La vue est une notion complémentaire de celle d’aspect. Le cadre de représentation de Praxeme, la Topologie du Système Entreprise, privilégie la notion d’aspect, car elle seule permet de répondre aux exigences architecturales qui s’appliquent – ou devraient s’appliquer – à tout cadre de représentation. Le cadre structure le référentiel de description de l’entreprise, c’est-à-dire une masse considérable d’informations et de décisions. Il importe que cette structure évacue la redondance et facilite l’exploitation des informations. Si nous ne disposions que des vues pour organiser les informations, les défauts évoqués ci-dessus ruineraient tout espoir de maîtriser le référentiel ou interdiraient tout travail d’approfondissement et de modélisation détaillée. Nous serions alors condamnés à nous limiter à des représentations générales, autant dire vagues puisqu’elles ne pourraient pas s’appuyer sur une connaissance détaillée. Les décisions seraient prises à l’aveugle, sans estimation sérieuse de leurs impacts, puisqu’elles ne pourraient pas être éclairées par une analyse précise.

Termes associés : acteur, aspect, modèle, point de vue.

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